L'un des prisonniers, Stanislaw Szmajzner, l'a décrit dans ses mémoires comme suit :

Nous n'avons jamais appris son nom (...) nous lui avons immédiatement donné le surnom de "Trottel", qui signifie idiot. Nous l'avons fait parce que c'est ainsi qu'il nous appelait. "Trottel", un homme obèse, presque aussi rond que gros, marchait pourtant avec beaucoup d'agilité et d'assurance. Très rouge, il aimait montrer son autorité en ne parlant pas beaucoup, même à ses officiers. Il nous criait toujours dessus et aimait nous donner des ordres constants auxquels il fallait obéir au doigt et à l'œil.

Il est né à Ried, en Autriche. Il a rejoint le NSDAP et les SS avant même que l'Autriche ne rejoigne le Troisième Reich. Au moment de l'Anschluss, Reichleitner a servi dans la Gestapo à Linz. Dans son pays d'origine, il a participé à l'opération T4, dans le cadre de laquelle il a travaillé comme membre du personnel du "centre d'euthanasie" du château de Hartheim. C'est là qu'il rencontre une grande partie du futur personnel du camp de Sobibor.

En 1942, le commandant Stangl est transféré de Sobibor à Treblinka, et Reichleitner est désigné pour le remplacer. L'une des premières décisions qu'il prend est l'agrandissement des chambres à gaz, pour lequel il rédige personnellement des instructions sur l'aspect des travaux. Le nouveau commandant ordonne également l'exhumation à l'aide d'une pelleteuse des corps des personnes précédemment assassinées et leur incinération. Sous son règne, quelque 100 000 personnes sont mortes dans le camp. Il a lui-même supervisé certaines des exécutions. L'une d'entre elles a consisté à abattre une douzaine de personnes en représailles à l'évasion d'un groupe de prisonniers qui travaillaient dans la forêt du camp. Un prisonnier survivant de Sobibor, Moshe Bahir, s'est souvenu :

Une fois, lorsqu'un vieil homme des transports a frappé un officier SS, le commandant Reichleitner l'a pris à part et l'a abattu sur place, devant sa famille et tout le convoi.

Cependant, le nouveau commandant du camp ne se rend que rarement au camp. Par rapport à d'autres commandants, Franz Reichleitner a également rarement supervisé personnellement la réception des transports ou l'acheminement des victimes vers les chambres à gaz. Lors du soulèvement de Sobibor, il n'était pas présent au camp car il était en congé. Plus tard, il a supervisé la liquidation du camp et l'effacement des traces des crimes qui y ont été commis. Comme beaucoup d'autres membres de l'opération Reinhardt, il est transféré dans les Balkans, dans la Yougoslavie occupée. L'unité dans laquelle il sert est chargée de liquider les Juifs locaux et de combattre les partisans italiens et yougoslaves.

Franz Reichleitner est tué à Fiume (aujourd'hui Rijeka) lors d'un accrochage avec des partisans. Il a été enterré dans un cimetière allemand en Italie.