États-Unis
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Albert Kosiek est né dans une famille d'immigrés polonais à Chicago, aux États-Unis. En novembre 1942, il rejoint la 11e division blindée. Il sert d'abord dans la compagnie de reconnaissance, puis dans l'unité d'assaut. Il sert en tant que chef de section avec le grade de sergent. Au cours des combats, il est présenté pour une promotion au grade d'officier mais ne l'accepte pas. En mai 1945, il est le commandant de l'unité qui libère les camps de Mauthausen et de Gusen.
L'histoire de la 11e division blindée commence en 1942 en Louisiane. En octobre 1944, les soldats de la division arrivent en Grande-Bretagne et rejoignent le front en France en décembre de la même année. La division participe aux combats de l'offensive allemande dans les Ardennes. Puis, en tant qu'unité de tête, elle participe à l'attaque de la ligne de défense allemande, dite ligne Siegfried. Après avoir traversé le Rhin à Oppenheim, la division combat en Bavière, puis entre en Autriche.
Le 5 mai 1945. Albert Kosiek, en tant que commandant d'une équipe de combat, est chargé de sécuriser les ponts sur la St. Georgen, par lesquels les colonnes blindées américaines doivent passer. Il s'en souvient :
Nous avons traversé la ville de Lungitz, mais au détour d'un virage, mon sergent de la section de reconnaissance a repéré des Allemands sur une colline. J'ai immédiatement donné l'ordre de se replier vers la ville (...). Un soldat allemand est apparu, marchant vers moi. Ce soldat avait plus d'armes qu'il n'avait de cheveux sur la tête. Il nous expliqua en anglais que sur la colline se trouvait une succursale du camp de concentration, où des Polonais et des Russes étaient emprisonnés (...) le prochain obstacle sur le chemin était un barrage routier (...) Nous avons vérifié qu'il n'y avait pas de puits de bombes (...) soudain, de loin, nous avons entendu un bruit sourd de moteur, ce qui a éveillé la vigilance de mes soldats. A l'aide de jumelles, nous avons vu une moto et une voiture blanche tout-terrain avec le signe de la croix rouge sur le capot (...) De la voiture sont sortis deux capitaines SS, le chauffeur et un homme en civil. Le civil était un délégué de la Croix-Rouge internationale.
Ce délégué était l'employé de banque zurichois Louis Haefliger. Il fait une tentative risquée pour accélérer les accidents en amenant les Américains au camp. La rencontre avec les Suisses est gênante car la libération du camp contredit les ordres qu'il a reçus précédemment, à savoir sécuriser les ponts nécessaires au passage des troupes américaines. En l'occurrence, Albert Kosiek contacte le commandement de la 11e division pour lui demander l'autorisation d'entrer dans le camp, ce qu'il obtient.
L'unité de Kosiek pénètre dans St. Georgen, où elle trouve un pont - l'objectif de la mission initiale. À une certaine distance de celui-ci, les soldats aperçoivent un camp de concentration, mais confondent le camp de Gusen avec celui de Mauthasuen à l'époque. Albert Kosiek se souvient du moment de la libération d'une manière quelque peu différente des récits des prisonniers libérés. Ces derniers évoquent l'arrivée des Américains sur des chars et le contact direct entre les prisonniers et les libérateurs. Albert Kosiek, quant à lui, raconte :
En approchant du camp, nous avons remarqué un capitaine SS qui m'a salué en américain, ce que j'ai fait également. (...) il nous a expliqué qu'il était le commandant du camp de Gusen. Il était accompagné d'un vieux grognard du Volkssturm qui parlait couramment l'anglais. Avec son aide, j'ai expliqué au capitaine SS que nous prenions le camp.
Le camp de Gusen a donc été libéré et le reste de l'équipage a été fait prisonnier. Pendant ce temps, le sergent Kosiek est parti avec un guide suisse vers le camp de Mauthausen :
Nous arrivons bientôt à Mauthausen. Le camp était situé sur la plus haute colline de la région, entouré d'un côté par le Danube (...). Le camp était entouré d'énormes murs de ciment [granit] et de gros canons de campagne nous faisaient face. La première entrée du camp se trouvait du côté de la forêt (...) cette partie du camp était clôturée par un fil barbelé relié à l'électricité (...) Derrière la clôture se trouvaient des centaines de personnes qui devenaient folles de joie lorsqu'elles nous voyaient. C'est un spectacle que je n'oublierai jamais. Certains prisonniers n'étaient couverts que de couvertures, d'autres étaient complètement nus, je n'avais jamais vu des hommes et des femmes dans un tel état d'épuisement physique.
Le sergent Kosiek quitte le service à la fin de l'année 1945 et retourne aux États-Unis. Il a travaillé comme inspecteur chez Western Electric à Chicago et a ensuite ouvert son propre salon de coiffure et son propre magasin. Il est décédé en 1980.